lundi 23 novembre 2009

LES MOTS DANS LES MOTS

Au coin de la rue Pierre Legrand et de la rue de l’Espérance

LABORATOIRE ORATOIRE LABORARE ABORT ORARE RATE
A BOIRE LE RIRE laborare est orare LABORATOIRE
La rue de l’Espérance est en impasse, pourtant
le pire n'est jamais sûr. On pourra prier pour
que le résultat des analyses soit supportable.
BRAIRE LAIE LA TIRE ABRI LABORATOIRE RARE BATI
LABORATOIRE ARAIRE
LOIRE TOI ROI LIRE ARATOIRE

jeudi 19 novembre 2009

POEME DU 18 NOVEMBRE

Le 18 novembre 2009 : Cris, klaxons, drapeaux,
sourires sur les visages ! Le football réjouit
parfois le coeur des hommes à des centaines de
kilomètres de distance. En d'autres lieux dans
la ville, le sport peut mener à la sauvagerie,
loin du bonheur enfantin pris à taper ensemble
dans un gros ballon de cuir ou une boîte vide.

Dans la brume légère d'un matin de janvier, on
s'entraîne sur la pelouse de Jean Baratte. Les
cadets aux joues rougies par le froid halètent
dans ce stade qui porte le nom d'une célébrité
fivoise. Certains savent peut-être que le Club
de Fives, en 1941, a été finaliste de la Coupe
de France. Le triomphe du Sporting-Club Fivois

restera unique. En septembre 1944, il fusionne
avec l’Olympique Lillois.SCF + OL = LOSC. Deux
lettres pour se souvenir du Sporting Club. 129
rue P. Legrand, La Douane de Fives, c'était le
siège social, l'estaminet Delquette. Longtemps
avant le temps du sponsoring ! Les amateurs se
réunissaient. Chaleur, bière, rires et chants.

Dans la brume sur le stade, les cadets courent
après la balle. Le sifflet de l'entraîneur les
fige dans l'air froid. Les petits nuages de la
respiration se dissipent. Des années après, le
même plaisir à courir, à éprouver ses muscles.
Auraient-ils voulu que le Grand Stade de Lille
soit construit sur les friches de Fives-Cail ?

mercredi 18 novembre 2009

L'affiche RENCONTRE(S) EN APARTE du 19 décembre 2009

Laure Chailloux à la UNE du télérama spécial Lille du 18 novembre 2009


Laure Chailloux fait cette semaine la UNE du Télérama spécial Lille .
Ecrit par Cécile Rognon, l'article retrace le parcours de l'artiste et se clôture par une belle présentation du projet EN APARTE :

EXTRAIT :
- ... En attendant, Laure Chailloux atterrit à Fives, son quartier de Lille. Avec les éditions La Contre Allée et l'auteur Lucien Suel, elle part à la rencontre des habitants pour écrire, en mots et en musique, l'histoire de ce quartier populaire en pleine mutation. "On s'imprègne des choses, on va lire chez ls gens, la matière s'étoffe au fur et à mesure... J'aime cette façon de créer en avançant". Un cabaret original en naîtra, encore une autre histoire... -
Fives En Aparte, le 19 décembre à 19H au Théâtre Massenet - Rue Massenet, Lille Fives. Réservation 03 20 04 81 65

RESIDENT (5)

C’est mieux de rester ici parce que tu connais
tout le monde. Tu préfères rester. Ne veux pas
partir. Autrefois c'était la banlieue agricole
de Lille avec des champs maraîchers. La rue de
Tournai est devenue la rue Pierre Legrand. Les
locomotives sortaient d’ici et traversaient la
mer pour rejoindre le Far West ou l’Argentine.
BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-
QUE LES BRIQUES BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE LES
BRIQUES ET BRIQUE BRIQUE ET BRIQUE LES BRIQUES
BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-
Quelquefois, tu voyais des Indiens galopant le
long des voies, à la poursuite des locomotives
de Fives dans un panache de vapeur. Cheval Fou
contre Cheval de Fer. Tu les reconnaissais sur
les écrans des cinémas, les Variétés Fivoises,
le Royal Leleu, L’Eldorado dans la fumée bleue
des Gauloises et des Gitanes. Nuages mémoires.
BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-
QUE LES BRIQUES BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE LES
BRIQUES ET BRIQUE BRIQUE ET BRIQUE LES BRIQUES
BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-
L'usine des locomotives recouvrait plus de dix
hectares de terre. Tu passes une dernière fois
devant la grande halle B1 avec la grande porte
par où sont sortis les tunneliers qui allaient
trouer le Pas-de-Calais sous la mer. Fermeture
définitive de l’usine en 2001. Tous les trains
sous-marins construits ailleurs dans le monde.
BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-
QUE LES BRIQUES BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE LES
BRIQUES ET BRIQUE BRIQUE ET BRIQUE LES BRIQUES
BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-
Le jeu des devinettes est lancé. Est-ce que la
friche va devenir une caserne de pompiers ? un
espace vert, jardin public, jardins familiaux,
un retour à la nature ? un lycée hôtelier ? un
musée ? un stade ? un lieu de culture, un lieu
à la mode ? Aujourd’hui, il y a des briques et
tous ces arbres semés du ciel par les oiseaux.
BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-
QUE LES BRIQUES BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE LES
BRIQUES ET BRIQUE BRIQUE ET BRIQUE LES BRIQUES
BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-

mardi 17 novembre 2009

RESIDENT (4)

Côte à côte, l’entrée de l’église Saint-Louis,
l’entrée de la halle B1 de Fives-Cail-Babcock.
Nettement moins de passages dans ces lieux que
par les portes automatiques ou à tourniquet de
nos deux temples modernes de la Distribution &
de la Consommation. Les temps sont autres. Les
gens sont autres et pareils ; la vie continue.
BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-
QUE LES BRIQUES BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE LES
BRIQUES ET BRIQUE BRIQUE ET BRIQUE LES BRIQUES
BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-

mardi 10 novembre 2009

RESIDENT (3)

BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-
QUE LES BRIQUES BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE LES
BRIQUES ET BRIQUE BRIQUE ET BRIQUE LES BRIQUES
BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-

Une, deux, une, deux. Gauche, droite. Tu lèves

les yeux vers le haut mur de briques rouges et
noires. Tes pas résonnent. Ton ombre s'allonge
sur le macadam des trottoirs, macadam macadam,
brique brique. Tu tournes à droite. Stop ! Feu
rouge comme brique. Tu traverses la rue Pierre
Legrand. Tu t'approches de l'usine abandonnée.

BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-
QUE LA BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE LA
BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE LA BRIQUE
ET BRIQUE ET BRIQUE BRIQUE BRIQUE LES BRIQUES.

Tu mets tes pas dans les pas des ouvriers, des
fantômes des ouvriers. Tu entends les cris des
enfants dans la cour de recréation. Tu marches
au milieu des années passées. Tu traverses les
souvenirs. Tu comptes dans ta marche. C'est le
rythme du marteau-pilon, boum boum dans la clé
usb du gamin. Court-circuit entre les siècles.

BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-
QUE LES BRIQUES BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE LES
BRIQUES ET BRIQUE BRIQUE ET BRIQUE LES BRIQUES
ET BRIQUE ET BRIQUE BRIQUE BRIQUE LES BRIQUES.

Tu marches dans les rues de Fives. Hop et hop,
Tu arpentes, avances, longes le mur de briques
qui te sépare du passé. Tu rencontres d’autres
marcheurs, retraités au petit chien, flâneurs,
jeunes mamans à la poussette. Slalom entre les
autos. Tu t’imagines en bottes, géant Degeyter
qui enjambe voies ferrées et rocades. Hop là !

BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRIQUE BRI-
QUE LA BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE LA
BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE ET BRIQUE LA BRIQUE
ET BRIQUE ET BRIQUE BRIQUE BRIQUE LES BRIQUES.

Tu atterris au centre de la Citadelle de Lille
intra-muros, de citadelle ouvrière à citadelle
militaire. Tu entends accordéon et clairon qui
se mêlent aux klaxons et sirènes. Tu remarques
les doigts qui galopent sur les touches, comme
des enfants dans la cour de récréation. Tu vas
te faire tout petit, regarder pour comprendre.