vendredi 24 décembre 2010

Quelle fin pour mon personnage?

Amandine : bon, concernant la fin, je propose que tu souffres, mais avec beaucoup de dignité.

Lucie : pas question.

Amandine : tu veux mettre le feu à l’atelier ?

Lucie : non.

Amandine : Je sais ! tu rencontre le fils du patron qui, bouleversé par le coût humain du travail en filature, augmente les salaires et vous offre des conditions décentes ?

Lucie : pas crédible.

Amandine : tu pars aux Etats-Unis d’Amérique ouvrir la première école française ?

Lucie : ta mère a raison, t’aurais du être institutrice.

Amandine : Lucie, encore une remarque de ce genre, et j’écris vingt pages sur les mœurs perverties en filature.

vendredi 17 décembre 2010

Nouvelles ouvrières

Les témoignages sont lourds, trop de similitudes, je n'ai rencontré presque que des femmes entre 60 et 80 ans. Ex-ouvrières, veuves, retraitées, ajouter des voix aussi représentatives du Fives d'aujourd'hui. Impossible d'obtenir le témoignage d'une caissière de supermarché. A croire que la pression exercée sur les employés des grandes surfaces est bien plus lourde que celle qui pesait sur les ouvrières du textile et de l'industrie... J'ai du inventer ma caissière, elle a mal aux doigts, elle s'appelle Dédé. Je voudrais les paroles des nouvelles ouvrières, interim, restauration, vendeuses...

mardi 14 décembre 2010

Les carnets d'En Aparté - Lecture à la médiathèque de Lille Fives

Après le temps fort qui s'est déroulé au Théâtre Massenet le 28 novembre dernier, les résidences En Aparté se poursuivent et avec elles les lectures publiques.

Retrouvez Louise Bronx, Carole Fives et Amandine Dhée pour une nouvelle lecture, ce samedi 18 décembre 2010 à 11h, à la médiathèque de Lille Fives.

Médiathèque de Fives - Louis Aragon
18 rue Bourjembois
Métro Fives



mardi 7 décembre 2010

Les carnets d'En Aparté - Représentation au Théâtre Massenet

Ce dimanche 28 novembre, ce sont successivement Vera-y-Pintado, les ouvriers fivois partis construire le chemin de fer en Argentine et Lucie l'ouvrière fivoise - entre autres - qui ont pris vie sur la scène du théâtre Massenet, à Lille.
A travers les mots et la musique de Robert Rapilly, Martin Granger, Louise Bronx, Amandine Dhée et Carole Fives, les histoires se succèdent, chacun dans son style nous raconte son Fives et le tout s'entremêle pour brosser un portrait riche et réjouissant.

Parfois plus parlant que les mots, voilà un compte-rendu, en quelques images choisies, des ces Rencontre(s) En Aparté 2010


Robert Rapilly et Martin Granger



Robert Rapilly


Louise Bronx, Carole Fives et Amandine Dhée


Louise Bronx, Carole Fives et Amandine Dhée


Louise Bronx, Martin Granger, Amandine Dhée, Robert Rapilly, Carole Fives, Olivier Durteste






lundi 6 décembre 2010

Grâce à Léa

Je sens bien leurs regards sur moi, dans la rue. Les filles surtout, celles qui vont au lycée. Moi, j’ai arrêté l’école à 16 ans. Pas à cause du bébé, je serais partie de toute façon, l’école, je m’ennuyais. Ce bébé, y’en a qui croient que c’est un accident, que Steeve et moi, on l’a pas désiré. Ce sont des conneries tout ça. Des capotes, on en avait, des sacs entiers qu’ils nous distribuaient au collège. Mais avec Steeve, on le voulait vraiment ce bébé. D’abord pour avoir notre propre appartement, notre propre argent, et quitter la famille, ils étaient trop saoulants. Mon père et ma mère, toujours à s’engueuler, j’ai donné 16 ans, merci. Avec Steeve, on veut tout le contraire, on veut un foyer calme, plein d’amour, pour notre bébé. Une princesse comme dit Steeve, elle s’appelle Léa. On fait de notre mieux, c’est pas toujours facile car elle pleure beaucoup, et Steeve est fatigué. Il travaille tôt, il fait les mises en rayon, à l'hyper. Elle pleure tout le temps, mais moi j’sais bien que c’est pas pour nous embêter, mais des fois, c’est vrai que Steeve, il est vraiment fatigué.
Pas question de demander à ma mère de nous aider.
Et puis Steeve permettrait pas, la petite, y’a que lui et moi qui pouvons l’approcher. On n’a pas reçu beaucoup d’amour, mais avec notre p’tite Léa, on veut se rattraper. On veut tout lui donner. Tout ce qu’on n’a pas eu. Et ça fait des paquets d’amour ça. Je sais pas si c’est tellement possible mais ce qui est sûr c’est qu’on va essayer. Au centre, on y va, ils sont sympas, ils donnent des couches, c’est cher les couches, et puis des vêtements, c’est bien. Mais des fois, ils se mêlent de ce qui ne les regarde pas. Leurs conseils, on n’en veut pas, on n’en n’a pas besoin. On est quand même les parents, on sait comment s’en occuper. Léa, c’est tout ce qu’on a, alors pas question de se la faire piquer. Grâce à elle, je compte pour quelqu’un. Léa, grâce à elle, j’ai une place dans la société.